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Le premier réacteur nucléaire saoudien est presque achevé (Guardian)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les États-Unis comptent-ils doter l'Arabie saoudite d'arme nucléaire? (Photo d'illustration)

En mi-février, le secrétaire d’État américain et son homologue saoudien ont laissé entendre à la Conférence de Varsovie qu’ils souhaitaient "un Moyen-Orient dénucléarisé". Le récent rapport des législateurs US montrent le contraire: il a levé le voile sur des concertations, à la veille de la conférence, entre Donald Trump et des constructeurs de réacteurs atomiques sur la contribution américaine dans la construction de la centrale nucléaire saoudienne. Or, plus rien ne peut masquer l’approche paradoxale du clan Trump en la matière, surtout après la publication des images satellite du projet de construction du premier réacteur nucléaire de l'Arabie saoudite. Un nucléaire interdit à l'Iran est permis à l'Arabie saoudite. Mais que cherchent les États-Unis?  À reproduire le schéma indo-pakistanais au cœur du Moyen-Orient? Peut-être. Mais d'autres lectures sont également possibles. 

The Guardian vient de publier un reportage avec preuves à  l'appui, sur la progression de l'installation nucléaire saoudienne et son achèvement d'ici la fin 2019. 

« L’Arabie saoudite a presque terminé son premier réacteur nucléaire, comme le montrent de nouvelles images satellite, mais elle n’a pas encore exprimé sa volonté de respecter les règlements qui l’empêcheraient de fabriquer une bombe », a rapporté jeudi le journal.

Le site du réacteur se trouverait dans la cité industrielle du roi Abdulaziz pour la science et la technologie, à la périphérie de Riyad.

Cité par The Guardian, Robert Kelley, ancien directeur des inspections nucléaires à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), déclare qu'il s'agit d'un très petit réacteur de recherche de 30 kilowatts, prêt à être achevé.  Robert Kelley qui a travaillé plus de trois décennies dans la recherche et l'ingénierie dans le complexe nucléaire américain, confie: « Je suppose qu'ils pourraient tout faire, avec le toit en place et l'électricité allumée, d'ici un an. »

Les photos satellite montrent aussi qu'un navire de 10 mètres de haut qui contiendrait le combustible nucléaire aurait été construit et que des travaux de construction seraient en cours sur le bâtiment.

Concernant le motif d'une telle installation, The Guardian indique en citant M. Kelley que « le but principal du projet saoudien serait de former des techniciens nucléaires avec le franchissement du seuil nucléaire. Mais avant d’introduire du combustible nucléaire dans le réacteur, l’Arabie saoudite devrait mettre en œuvre un ensemble complet de règles de surveillance officielles et se soumettre aux inspections de l’AIEA, pour éviter le détournement des matières nucléaires à des fins d'armement – ce qu’elle avait jusqu’à présent évitées ».

Le quotidien britannique souligne que le réacteur a été conçu par une société d’État argentine, Invap SE. Citant Rafael Mariano Grossi, représentant de l’Argentine auprès de l’AIEA, il fait savoir que ce réacteur devrait être opérationnel d’ici à la fin de l’année. « Cela dépend cependant d'un certain nombre de facteurs. Invap a été en charge de la conception du réacteur. Ils dirigent toutes les opérations. Mais l'ingénierie locale est confiée aux Saoudiens », explique-t-il. 

« Ces images sont parues sur fond de divergences profondes entre l'administration Trump et les congressistes sur le transfert secret de la technologie nucléaire des États-Unis à Riyad. Selon certaines sources médiatiques, le département de l'Énergie américain avait accordé sept permis pour le transfert d'informations nucléaires sensibles au gouvernement de Riyad », écrit The Guardian.

Rick Perry et Mike Pompeo ont juste évité de rendre publics les détails sur les accords nucléaires Washington/Riyad. Lors d'une audition du secrétaire d'État Mike Pompeo, le 28 mars, concernant le transfert illégal des technologies nucléaires aux Saoudiens, l'élu démocrate de Californie Brad Sherman avait dit son opposition. 

« Si on ne peut pas confier de tronçonneuse (Affaire Khasoggi, ndlr) à un régime, on ne devrait pas lui confier d'armes nucléaires », avait-il lancé en allusion au meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, démembré à l'intérieur du consulat de son pays à Istanbul.  

L’Arabie saoudite a adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) en 1988, mais n’a signé en 2005 qu’un accord de garanties généralisées avec l’AIEA. Riyad a jusqu'ici résisté aux demandes de l'AIEA visant à annuler ce protocole et à accepter des contrôles plus stricts. Parlant du contrôle plus stricte, certains experts interprètent autrement la décision du clan de Trump de livrer à Riyad de quoi se doter de capacités nucléaires civiles qui pourraient se transformer, pourquoi pas en bombes nucléaires : " C'est à l'appui de pareils prétextes que les États-Unis se sont attaqués à l'Irak ou encore à al Libye. Rien ne dit qu'après le départ de Trump et de son clan, les États-Unis ne cherchent pas à reproduire les mêmes scénarios en Arabie saoudite. Après tout, l'Iran et l'Arabie saoudite ne se tireront pas des bombes nucléaires l'un contre l'autre. Mais un arsenal atomique secrets en Arabie est toujours un bon alibi pour une intervention militaire".

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SOURCE: FRENCH PRESS TV